
Le retour de Geese ne ressemble à rien de ce qu’on pouvait attendre. Trois ans après 3D Country, devenu une référence pour la jeune scène rock new-yorkaise, le quintette revient avec Getting Killed, un album qui pulvérise toute logique de continuité. Annoncé pour le 26 septembre 2025 via le label Play It Again Sam, ce troisième disque s’annonce comme une déflagration : brut, éclaté, théâtral, mais profondément cohérent dans sa volonté d’échapper aux carcans. Premier tir de barrage ? Taxes, un single aussi étrange qu’addictif, qui ouvre le bal d’un album résolument hors-norme.
Un troisième album qui dynamite les étiquettes
Avec Projector en 2021, Geese avait frappé fort : un post-punk déstabilisant, brumeux et ultra-maîtrisé, salué pour son inventivité. Deux ans plus tard, le groupe changeait totalement de cap avec 3D Country, aventure sonore picaresque flirtant avec le rock sudiste, la transe psyché et le lyrisme baroque. Getting Killed, lui, refuse l’idée même d’un cap. Il part des ruines de ces deux disques pour bâtir autre chose : un patchwork éclaté, une sorte de grand théâtre bruitiste et émotionnel.
Getting Killed examine les débris de ses idées précédentes pour en faire une vision personnelle et radicale. Chaque titre semble répondre à cette logique : c’est un disque qui ne cherche pas la perfection, mais la friction. Et dans ce chaos, Geese affirme une voix plus sûre d’elle que jamais.
Taxes, un premier titre aux mille visages
Premier aperçu de cet OVNI musical, Taxes intrigue dès la première écoute. Ce morceau, construit comme un collage sonore, mêle une rythmique sautillante, des ruptures inattendues et surtout la voix de Cameron Winter, toujours aussi impressionnante de contrôle dans l’extrême. Il passe du cri au murmure, du sermon au chant cabossé, comme un acteur passant d’un rôle à l’autre sans prévenir.
La chanson condense parfaitement l’esprit de l’album : une forme qui se déconstruit sans cesse, une tension permanente entre le grotesque et le sublime. C’est déroutant, mais ça fonctionne. Et ce n’est que le début.
Cameron Winter, le retour du poète cabossé
Le charismatique frontman Cameron Winter n’a pas chômé depuis le dernier album de Geese. Avec son projet solo Heavy Metal, salué par The New York Times et Pitchfork, il explorait une veine introspective et expérimentale, tout en brouillant les pistes entre théâtre sonore et confession intime. Cet entre-deux semble aujourd’hui nourrir Getting Killed.
Winter revient transformé, mais pas assagi : il mène la danse avec une intensité renouvelée, injectant dans la musique de Geese une tendresse étrange, une ironie désabusée, une folie douce qui donne au disque sa cohérence émotionnelle. Il ne chante plus seulement les histoires ; il les incarne.
Une production dense signée Kenneth Blume
C’est à Kenneth Blume, producteur basé à Los Angeles, que l’on doit l’écrin sonore de Getting Killed. En un mois d’enregistrement intensif, Geese a accouché d’un disque touffu, volontairement rugueux, à mille lieues d’un rock formaté.
Le résultat ? Un chaos millimétré. Derrière l’apparent désordre se cache une réelle architecture : des textures saturées, des silences calculés, des couches de sons qui s’empilent sans jamais étouffer. On pense parfois aux bizarreries des Flaming Lips, à l’énergie foutraque de King Gizzard ou à la densité d’un Deerhunter, sans que Geese ne perde sa singularité.
Une reconnaissance scénique en pleine expansion
Depuis leurs débuts, Geese a construit sa réputation sur scène. Ces dernières années, le groupe a enchaîné les festivals majeurs : Bonnaroo, Governors Ball, Lollapalooza, Newport Folk Festival, ACL… En parallèle, ils ont partagé l’affiche avec des poids lourds comme Jack White, Spoon, Greta Van Fleet ou Vampire Weekend.
Autant dire que The Getting Killed Tour, annoncée pour l’automne 2025, suscite une forte attente. Il s’agira de leur plus grande tournée en tête d’affiche à ce jour, avec une énergie que l’on devine encore plus débridée et imprévisible qu’avant.
Getting Killed, l’œuvre d’un groupe qui ne craint plus rien
Plus qu’un simple troisième album, Getting Killed marque un tournant dans l’histoire de Geese. Libérés des comparaisons, débarrassés des attentes, les cinq musiciens semblent désormais guidés par une seule chose : l’instinct.
Il ne s’agit plus de plaire, ni même de convaincre. Ce disque est un cri, un geste, une explosion. Et dans ses éclats, Geese parvient à faire émerger une forme de vérité nouvelle, brute, poétique. Une renaissance par la casse.